Guerre en Ukraine, attaques en Mer Rouge, gazoducs, câbles sous-marins, narcotrafic… Ces dernières années, l’apparition des drones navals, qu’ils soient sous-marins, de surface ou aériens, a fait évoluer la nature et l’origine des menaces sur nos espaces maritimes. Les états côtiers sont donc appelés à adapter leur approche de la surveillance maritime. Mais ces nouveaux outils représentent également une opportunité permettant d’assurer une veille plus large, plus discrète et moins coûteuse d’espaces éloignés de leur zone économique exclusive.
I. Les Enjeux de la Défense et de la Sécurité maritime
Luttes d’influence entre Etats
La géopolitique des océans est ardemment animée par des conflits et des prises de position depuis plusieurs décennies. Les cinq océans, représentant 70% de la surface de la Terre, sont donc un terrain stratégique de premier plan, pour les acteurs internationaux. Ces zones stratégiques abritent de nombreuses ressources de nourriture (pêche) et des ressources énergétiques marines (pétrole et gaz, éolien offshore). Les océans sont également des zones de trafics maritimes important avec des “autoroutes maritimes”, parmi lesquelles la Transpacifique, la Transatlantique et l’axe Asie-Europe. On estime que 80% des produits sont acheminés par ces dernières. Ils sont reliés physiquement les uns aux autres par des détroits et des passages internationaux par lesquels des milliers de navires circulent librement sans entraver la convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982. Enfin, 99 % du trafic mondial de données (internet et téléphonie) est assuré par des câbles sous-marins.
Ces zones maritimes sont donc des zones stratégiques. Elles représentent des enjeux géopolitiques majeurs, avec des revendications territoriales, des conflits de ressources et des tensions internationales. La défense maritime est vitale à chaque nation afin de protéger et d’assurer ses propres intérêts.
Menaces Asymétriques
Les vastes étendues d’océans offrent un terrain propice aux groupes terroristes pour mener leurs actes illicites. Le trafic d’armes, de drogues et de personnes, ainsi que des attaques directes contre des navires civils ou militaires ainsi que les actes de piraterie, les prises d’otages en mer et les détournements de navires sont autant de manifestations de cette menace persistante. Les groupes terroristes exploitent également les faiblesses des infrastructures portuaires et des systèmes de sécurité, mettant ainsi en péril les économies nationales et la stabilité régionale.
[Les actualités récentes]
06.11.2023
Un câble de télé-communications russe endommagé en mer Baltique
Un câble russe de télécommunications a été endommagé en mer Baltique en octobre dernier, ont annoncé le lundi 6 novembre les autorités finlandaises, à la même période que les dommages subis par des infrastructures sous-marines en Finlande et en Suède.
28.09.2022
Sabotage des gazoducs Nord Stream
Le sabotage des gazoducs Nord Stream a lieu le en mer Baltique, occasionnant d’importantes fuites de gaz. La première, sur Nord Stream 2 est découverte au sud-est de l’île danoise de Bornholm.
II. Nouvelles technologies
Le déploiement de réseaux haut débit en mer permettra des communications ultrarapides et fiables entre la terre et les drones (de surface et aérien), même éloignés des côtes. Aujourd’hui l’offre Starlink est en passe de révolutionner les communications avec la terre. La multiplicité des satellites offre une couverture toujours plus grande et accroît la fiabilité des solutions connectées.
Systèmes de Détection Avancés
Les capteurs sonar et les systèmes d’écoute sous-marine de nouvelle génération permettent une détection précise des menaces potentielles, même dans les environnements acoustiquement complexes. Des technologies de ruptures dont THALES a le savoir-faire et la confiance de la Marine Nationale. Actuellement, 2 typologies de sonar existent ; les passifs et les actifs. Le premier, le passif, vise à écouter les bruits de la mer. Le second, l’actif, va émettre des ondes qui se réfléchissent sur les surfaces, pouvant estimer la distance et la forme détectée. Une complémentarité des sonars essentielle face aux innovations des constructeurs sous-marins furtifs.
Des senseurs acoustiques en développement ; les hydrophones
Les hydrophones jouent un rôle essentiel dans le domaine de la sécurité maritime en fournissant une capacité de détection sous-marine avancée. Ces dispositifs sensibles sont conçus pour capter les signaux sonores sous l’eau, ce qui permet la surveillance constante des activités maritimes. Les hydrophones sont employés pour détecter les émissions sonar des sous-marins militaires, pour surveiller les mouvements des navires, ou même pour repérer la présence de nappes pétrolières suite à des déversements. Ils sont également utilisés dans des systèmes d’alerte précoce pour les tsunamis, car ils peuvent détecter les puissantes ondes sismiques sous-marines qui précèdent ces événements dévastateurs. En somme, les hydrophones sont des outils cruciaux et en phase avec les besoins en sécurité maritime.
Les drones navals
Les drones aériens
Transposition maritime du drone aérien terrestre, c’est sans doute la technologie la plus mature sur le marché. Les drones aériens, aux allures d’hélicoptères, relèvent un défi d’un pilotage à distance et de précision extrême dans l’appontage automatique sur les navires de surfaces, dans tous les états de mer. Les innovations peuvent résider dans l’amélioration de l’autonomie, la connectivité ou encore la cybersécurité.
Cas d’usage : Grâce à ces fonctionnalités, ils peuvent surveiller étroitement les activités maritimes, détecter les navires suspects, et même assister les opérations de sauvetage en cas d’urgence. Ses autres applications sont diverses ; inspection et maintenance, détection cétacés, détection pollution, etc.
Exemple :
Le drone industriel COMCOPTER® S-100 de Schiebel est une référence en termes de drone aérien. Actuellement en phase de test et de développement avec Thales et la Royal Navy pour une acceptation en usine (FAT) et un déploiement plus large auprès des armées.
Les drones de surface
Appelés “Unmanned Surface Vessel” (USV), ces drones sont des navires autonomes dotés de technologies de navigation et de détection avancées. Ils sont capables de fonctionner de manière autonome tout en se conformant aux réglementations maritimes internationales. Ces navires ne nécessitant pas la présence de l’homme sont une avancée majeure dans le monde maritime. Ces drones de surface sont très discrets et difficilement repérables par les radars, immergés plus en profondeur.
Cas d’usage : Utilisés dès la Seconde Guerre mondiale à des fins d’engin cible télécommandé et de dragueur de mines, ils sont aujourd’hui davantage utilisés dans l’océanographie et la surveillance de l’environnement, ainsi que le transport de marchandises et les applications militaires. Diverses autres applications sont également explorées.
Exemple :
Le “DriX” est un drone hydrophobique de surface supervisé (USV) répondra à la mission de cartographie maritime est eaux françaises. À l’avenir, il sera proposé pour des applications militaires. «DriX a prouvé qu’il était réellement en mesure de changer la donne (…) Le monde de la défense l’a rapidement identifié comme un véritable atout à forte valeur ajoutée et qui assure la sécurité des équipages», explique iXblue.
Les drones sous-marins
Les drones sous-marins sont capables d’opérer à plusieurs centaines de mètre de profondeur, de façon autonome. C’est le plus complexe à mettre en œuvre, en raison d’obstacles techniques tels que la gestion de l’énergie et la communication sous-marine limitée. Ces véhicules, dirigés à distance, et parfois totalement isolé de toutes communications avec la Terre, sont en autonomie totale. Ils sont donc préprogrammés avec une mission précise, une cible à atteinte, une zone couvrir, etc.
Cas d’usage :
Les drones sous-marins couvriront diverses missions sur une variété de points stratégiques. Allant d’infrastructures portuaires, de pont, de digue, de barrage, de pipeline, d’écluses, ou encore de structure offshore. Ces drones sous–marins équipés de caméra et de sonar pourront inspecter les parties immergées des constructions et de détecter d’éventuelles dégradations. Cependant,
Exemple :
FlatFish développé par SAIPEM est un drone sous-marin avancé capable d’effectuer de manière autonome des inspections complexes d’actifs sous-marins dans l’ensemble du domaine sous-marin, grâce à son intelligence artificielle intégrée, à ses fonctions de navigation avancées et à sa modularité basée sur la charge utile.
III. Les innovations de rupture – Imaginons les futures innovations
L’avenir de la sûreté maritime s’annonce prometteur, avec de nombreuses innovations technologiques et techniques qui amélioreront la sécurité en mer. Voici un aperçu de certaines des futures avancées attendues dans ce domaine :
Utilisation de l’internet des objets (IoT) pour la surveillance environnementale et maritime
Les capteurs apparentés à “IoT” seront voués à une utilisation plus large afin de surveiller les eaux par un maillage dense. Ces derniers nécessitent une connexion et une diffusion étendue de l’internet au large des côtes. C’est également un défi énergétique important afin d’assurer une connexion continue et donc un relevé fiable des données en temps réel. À l’heure actuelle, des projets tel que PRACTI SEAS, porté par la PME quimpéroise Kenta sont à l’œuvre. Celle-ci projette une standardisation de l’utilisation de IoT sur tous les navires afin de développer et fiabiliser le maillage.
GEPS Techno
Ces innovations technologiques et techniques à venir, contribueront à renforcer la sûreté maritime, à protéger l’environnement marin et à améliorer la sécurité des opérations maritimes. C’est dans ce cadre que GEPS Techno s’efforce de développer des technologies innovantes. Des solutions répondant aux défis de la production d’énergie en milieu isolé, s’inscrivant dans la stratégie de la France en matière de sûreté maritime. Depuis juillet 2023, le bureau d’études est à l’œuvre pour répondre aux questions suivantes :
- Comment détecter des drones en surface, dans les airs et sous la mer ? Ou encore, comment déployer ces nouveaux systèmes en pleine mer sur le long terme ?
Ces technologies de sonars, capteurs innovants, docking station, ou encore les drones sous-marins/aériens/de surface ont besoin d’une alimentation électrique pour fonctionner ainsi que d’un lien de communication haut débit. Ces solutions techniques doivent fonctionner de façon continue afin de répondre aux exigences de la sécurité maritime. À distance des côtes ces derniers ne peuvent être alimentés et fonctionner à partir de combustibles, nécessitant une action humaine de recharge. Il convient donc de trouver une solution productrice d’énergie, autonome et capable de stoker cette énergie et de la retransmettre sur un flux continu pour alimenter ces capteurs.